Travel the world...

- Tadadiiidada ♪

Chantonnait le sabloneux, un sourire aux lèvres. Il venait de quitter ses amis saltimbanques après une bonne journée à courir les rues et à calmer quelques tensions entre les chiens des deux pôles de la ville : attelage et citadin ne semblaient pas faire bon ménage. Mais c'était sans compter sur le Golden et ses amis ! Et parfois quelques passants.

Des Hommes sourirent en montrant du doigt le mâle qui pencha la tête de côté. Que pouvaient-ils donc bien se dire ces deux-là ? Et pourquoi le regarder comme ça ? L'un d'eux tapa contre sa jambe et Momo n'hésita pas. Il y alla, langue pendante et yeux rieurs, faisant certaines cabrioles qui arrachèrent des rires aux deux humains.

" T'vois ce que j'te disais ? C'est le chien du Vieux Gregor... L'est un peu con mais gentil. "

Affirma l'Homme en lui caressant le dessus du crâne et en lui donnant quelques morceaux de vieux fromages qui devaient traîner depuis un moment dans sa poche. Son butin en bouche, le Golden s'avança dans les rues de la ville, queue battante. Encore plus quand il vit au loin un minois qu'il avait déjà repéré parmi les athlètes du vieux John.

- Oh, Bonchoir mademoichelle ! Vous ch'allez bien ?

Tenta-t-il en souriant de toutes ses dents... Faisant lamentablement s'échouer sur la poudreuse les morceaux laiteux. Il les regarda. Regarda la chienne au devant de lui. Les regarda à nouveau. Bloqua sur la bicolore et sourit tout gêné, montrant ses magnifiques crocs blancs, ses babines remontées dans un sourire crispé qui plissait ses yeux noisettes.

Malgré sa pitrerie, la chienne bicolore lui répondit en souriant, arrachant un soupir de soulagement de la part du Golden qui sourit de plus belle, bien plus détendu et la fixant avec allégresse. Il resta interloqué par les propos de la chienne.

- Mon... Butin ? OH ! Sacrebleu ! Il regarda à ses pattes les morceaux de fromage qui prenaient l'humidité. Je les avais oublié ceux-là... Dubitatif, il plongea de nouveau la truffe vers les quelques morceaux déjà rassis depuis longtemps et en attrapa un, l'engloutissant en deux bouchées. Pas spécialement fameux mais on s'en contentait quand on était un semi-chien des rues. Dans sa grande bonté, il jeta un regard à la bicolore et fit glisser l'un des quatre derniers morceaux à ses pattes.

- Je vous en prie, gente damoiselle ! Il fit mine de regarder aux alentours, tournant la tête de droit à gauche avant de se pencher pour murmurer à la chienne qui se tenait devant lui. Vous pouvez en prendre un, z'en ai plein dans ma cachette ! Et il lui fit un clin d'oeil amical avant de plonger à nouveau la truffe vers le sol.

Mais au moment où ses crocs allaient se refermer sur sa pitance, il se stoppa, se redressa et regarda la chienne perplexe.

- Que fait donc une Harshtone aussi loin du centre de la ville ? Momo en oubliait ses manières. Et il oubliait aussi sans doute qu'avec son sens de l'orientation... C'était sans doute lui qui était perdu. Après tout, ils étaient juste à côté du bar, mais ça, le chien jaune n'en avait absolument pas conscience.

Momo fût tout heureux de la voir manger - même avec difficulté - le morceau de fromage. Il en battit tellement de la queue, qu'il supprima toute trace de neige de l'emplacement de son arrière train. Elle lui expliqua donc que John, le célébrissime musher, buvait un coup, tout simplement. Cela expliquait donc parfaitement la présence de la chienne en ces lieux. Puis, vint la question un peu plus dérangeante. Momo se stoppa, ne bougeant plus d'un poil.

Un court instant, un sourire triste parcourut sa mine de chien semi-errant. Si elle savait à quel point il valait mieux qu'il n'en porte pas... Ce que cela lui rappelait et signifiait pour lui... Elle en rirait. Le Golden retrouva vite son sourire, bombant le poitrail.

- Dangereux ? Point pour moi gente damoiselle. Il se radoucit, se ramollissant presque sur place, avec un sourire bien plus franc et amical. Il ressemblait presque à une peluche ainsi. En fait, la plupart des Hommes me connaissent, moi et mon maître. Ils savent donc que je ne suis pas un chien errant. Et, du coup, je suis bien nourri ! Il fit mine de tapoter son estomac. A vrai dire, il n'avait pas vraiment à se plaindre : on le nourrissait, certes, pas des meilleures choses mais tout de même ; on le câlinait ; on le brossait même ! Non il n'avait pas à se plaindre. Il y avait juste l'histoire du sommeil : il lui arrivait bien plus souvent de dormir dans une ruelle au froid, contre d'autres chiens des rues que dans un foyer bien chaud. Ca, ça lui manquait cruellement.

Il se concentra à nouveau sur Yaska, souriant.

- Vous êtes prête pour la course ? J'ai entendu dire que vous partiez bientôt. S'enquit-il. Ce n'est pas que le sujet l'intéressait vraiment, préférant de loin les courses solitaires dans le wild - ou à quelques uns seulement et sans Homme - mais il savait à quel point les chiens de la ville et des attelages étaient excités à cette idée. Ou effrayés.