Intrus [Darren]

PnJ utilisé: Ronald Rusher - grey.

Ronald avait harnaché Hero à un petit traîneau utile pour traîner un peu de bois. Il y était d'ailleurs destiné et l'homme de la Mine avait décidé d'emmener sa chienne tricolore, cela lui ferait un bon entraînement et de toute manière, au vu de la force de ses canidés, Ronald n'avait pas besoin d'en emmener plus d'un. Hero traînerait le tout sans trop de complications et si complication il y avait, il savait y faire ; personne n'en doutait.

Dans tous les cas la géante aux yeux d'or était toute heureuse de pouvoir faire plaisir à son maître, le suivant en trottant, tirant le traîneau pour le moment vide. Ronald marchait à l'avant d'un bon pas, hache tenu par le manche à une main, posée sur l'épaule, holster en cuir entravant son torse et cigarette aux lèvres, l'air aussi patibulaire que sa chienne. Il était encore tôt, une légère buée s'échappait entre les crocs d'Hero lorsqu'elle soufflait un peu fort et cette-même buée venait parfois se mêler à la fumée due au tabac de l'homme.

Ils arrivèrent alors au Petit Bois et Ronald prit son temps pour dénicher un coin qui lui plairait. Finalement, il jeta son dévolu sur un regroupement d'arbres. Il posa ses prunelles sur sa chienne qui s'était arrêtée, l'observant et attendant ses ordres.

« Fait un tour, tu bouffes tout c'qui approche, j'ai pas envie d'être emmerdé. »

La balafrée répondit en battant un peu de la queue, se laissant déharnacher sans broncher avant de partir au pas de course, les sens aux aguets, prête à détruire tout ce qui pourrait menacer Ronald de près ou de loin. Glouton, loup, chiens, bâtards, ours ou humains, Hero n'avait peur de rien et son immense balafre sur le côté gauche en témoignait. Vestige de son affrontement avec un carcajou remonté.

Le monstre des Rusher trottait dans la poudreuse, nez parfois en l'air ou contre la neige, la queue droite, le regard courant ci et là. Soudainement, une odeur. Un chien. Hero s'arrêta, droite, imposante, cherchant la présence du canidé en question.

Alors son impitoyable regard d'or se posa sur le chien qu'elle recherchait : c'était sûrement un bâtard portant l'odeur d'autres chiens mais aussi de l'homme. Appartenait-il à un attelage ? Possible, elle s'en fichait bien, au final. Seulement son attitude déplût grandement à Hero qui ne savait comment l’interpréter... il ne semblait cependant pas agressif, il n'avait pas l'attitude des chiens agressifs. Mais alors, quoi ? Hero fronça légèrement ses sourcils, l'observant silencieusement, tentant de comprendre. Mais, ce qu'elle entendit manqua de lui arracher un grognement aussi offusqué qu'agacé. Charmante. Charmante demoiselle ? Avait-il bien dit, charmante demoiselle ?

Hero plissa ses yeux, les oreilles en arrières. Ces mots ne lui plaisaient guère car premièrement, ils ne lui correspondaient pas (qu'avait-elle de charmant ? Qu'avait-elle d'une demoiselle ?) et deuxièmement parce que ce chien mentait. C'était évident, il mentait, mais pourquoi ? Avait-il peur et tentait-il de l'amadouer ? La Rusher ne comprenait pas mais elle paraissait peu commode. Alors, sa voix, rauque, grave, s'éleva.

« Cesse de mentir, je n'ai rien de charmant et rien d'une demoiselle »

Gronda t-elle. Elle n'aimait de toute manière pas qu'on l'appelle ainsi, Hero était loin de ces mignonnes et coquettes chiennes acclamées et aimées. Elle, on ne connaissait soit pas son existence, soit on la connaissait comme le monstre des Rusher, l'ignominie de la nature.

« Que fais-tu ici ? »

Avant d'attaquer ou non, elle souhaitait déjà connaître les motivations de ce chien : pouvait-il être, ou non, dangereux pour Ronald ? Ou du moins, serait-il une gêne ? Hero ne doutait pas une seconde que Ronald ne craignait rien avec sa hache, mais aussi parce que cet homme était increvable... et parce qu'elle veillait.